C’était une soirée comme les autres, une de ces soirées tranquilles où rien d’inhabituel ne semblait pouvoir se produire. Ma fille se plaignait d’un mal de tête, alors je lui ai proposé de lui donner de l’acétaminophène pour la soulager. Nous sommes allées ensemble dans la salle de bain. Cette pièce n’avait rien de particulier, si ce n’est le miroir qui était aussi une armoire à pharmacie, et une veilleuse à côté du lavabo qui baignait la pièce d’une lueur douce et apaisante. Avec la lumière de la veilleuse, je n’avais même pas besoin d’allumer l’éclairage principal.
Ma fille à mes côtés, je me suis regardée dans le miroir en ouvrant l’armoire. Tout semblait normal, routinier. J’ai pris la bouteille de médicaments, l’ai ouverte et lui ai donné deux pilules. Elle est ensuite partie chercher un verre d’eau, me laissant seule dans la salle de bain. J’ai refermé la bouteille et l’ai remise dans l’armoire, puis j’ai fermé la porte du miroir.
C’est à ce moment-là que je l’ai vue.
Dans le reflet du miroir, derrière moi, se tenait une silhouette noire, massive, mesurant bien sept pieds de haut. C’était une présence terrifiante, si sombre qu’elle semblait absorber la faible lumière de la veilleuse. Ce qui m’a figée de terreur, ce sont ses yeux. Des yeux rouges, étroits, qui me fixaient avec une intensité malsaine. Et ce sourire… Un sourire jaune, sinistre, s’étirant d’une oreille à l’autre, dévoilant des dents acérées qui n’auraient jamais dû exister.
Le temps s’est suspendu un instant. Mon cœur battait à tout rompre, la peur s’est emparée de tout mon être. Je n’ai pas pris le temps de réfléchir. J’ai tourné les talons et je me suis enfuie de la salle de bain, mes jambes me portant plus vite que je ne l’aurais cru possible. En arrivant dans le salon, je me suis précipitée vers mon mari, tremblante de la tête aux pieds.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu trembles comme une feuille, » m’a-t-il demandé, son visage se couvrant d’inquiétude.
Je lui ai raconté, le souffle court, ce que j’avais vu derrière moi dans la salle de bain. Ses sourcils se sont froncés d’incrédulité. Il ne me croyait pas, pas tout de suite. Mais la terreur dans ma voix, dans mes yeux, l’a poussé à aller voir par lui-même.
Quelques instants plus tard, il est revenu, le teint pâle, les yeux agrandis par la peur. Il l’avait vu. Cette même ombre, ce même sourire maléfique dans le miroir. Il ne doutait plus de moi, et l’air de défi qu’il avait avant de partir s’était transformé en une peur silencieuse.
Depuis ce jour, cette expérience hante nos pensées. Chaque fois que je passe devant ce miroir, je ressens une angoisse sourde, un souvenir qui refait surface. Cette silhouette, ces yeux rouges, ce sourire… Je ne l’oublierai jamais. C’est une image gravée dans ma mémoire, un rappel constant que certaines choses, inexplicables et terrifiantes, peuvent surgir même dans les moments les plus banals de la vie.
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