C’était quelques semaines après le décès de ma tante Lucie. Elle avait toujours été une femme pleine de vie, avec un sourire chaleureux et un regard doux. Sa maison, située à la campagne, était l’un de ces endroits où l’on se sentait immédiatement à l’aise. Mais après sa mort, l’ambiance y avait changé, quelque chose d’indéfinissable flottait dans l’air.
Mes parents et moi avons dû nous rendre chez elle pour nettoyer et trier ses affaires. Ce n’était pas une tâche facile, émotionnellement parlant. Chaque objet que je touchais me rappelait un souvenir, un moment passé avec elle. Mais ce qui m’a le plus marqué ce jour-là, ce n’était pas le chagrin, mais autre chose, quelque chose que je n’arrive toujours pas à expliquer.
Nous étions en train de vider le salon, mon père triant les livres sur les étagères pendant que ma mère s’occupait des vieilles photos. Moi, je m’occupais de la poussière accumulée sur les meubles. La grande vitre du salon, celle qui donnait sur le jardin, était comme un tableau vivant, laissant entrer la lumière du jour. C’était une très belle journée, ensoleillée, mais pour une raison quelconque, j’avais ce sentiment persistant d’être observé.
Je me suis retourné pour dire quelque chose à mon père, et c’est là que je l’ai vue. Là, dans le reflet de la grande vitre du salon, se tenait ma tante Lucie. Elle était exactement comme je me souvenais d’elle, portant cette robe bleue qu’elle aimait tant. Elle ne bougeait pas, ne parlait pas, mais son regard était fixé sur moi. Mon cœur a manqué un battement. J’ai cligné des yeux, et elle avait disparu. C’était si rapide que je me suis demandé si je ne l’avais pas imaginée.
Je n’ai rien dit à mes parents, pensant que mon esprit me jouait des tours. Après tout, le chagrin peut parfois nous faire voir des choses. Nous avons continué à nettoyer, mais l’image de ma tante dans la vitre restait gravée dans mon esprit.
Quelques jours plus tard, nous étions de retour dans la maison pour finir ce que nous avions commencé. Je me souviens que c’était en fin d’après-midi, le soleil commençait à se coucher, et une légère brise passait par les fenêtres ouvertes. Nous étions tous dans la cuisine, discutant de ce que nous devions faire de certains objets. Je me suis levé pour aller chercher quelque chose dans le couloir adjacent.
En passant devant l’entrée de la cuisine, j’ai vu une ombre passer rapidement d’un bout à l’autre de la pièce. C’était une silhouette indistincte, mais je savais que c’était elle. Ma tante. J’ai eu un frisson qui m’a parcouru l’échine. Il n’y avait aucun doute dans mon esprit : ma tante Lucie était toujours là, veillant sur sa maison.
Cette fois, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai parlé à mes parents. Ils m’ont écouté attentivement, et contre toute attente, ils ne m’ont pas pris pour un fou. Ma mère a même admis qu’elle avait senti sa présence aussi, une sorte de chaleur réconfortante lorsqu’elle était seule dans la maison.
Nous avons tous convenu que, d’une certaine manière, ma tante surveillait encore les lieux, protégeant ce qu’elle avait chéri toute sa vie. Cela nous a donné un certain réconfort, une manière de croire qu’elle n’était pas vraiment partie, qu’elle continuait à veiller sur nous, de l’autre côté du voile.
Après cet incident, chaque fois que nous retournions dans sa maison, l’ambiance avait changé. Ce n’était plus cette tristesse pesante que nous ressentions, mais une paix, une assurance que tout allait bien. C’était comme si ma tante Lucie avait trouvé un moyen de nous dire qu’elle était là, et qu’elle veillait sur nous, même après sa mort.
Cette expérience m’a appris qu’il y a des liens qui ne peuvent être brisés, même par la mort. Ma tante, avec sa bienveillance et son amour, avait trouvé une manière de rester près de nous, nous rappelant que, même si elle n’était plus physiquement présente, son esprit continuerait à protéger ce qu’elle aimait tant.
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