Il y a quelques mois, ma vie a basculé d’une manière que je n’aurais jamais imaginée. Après la perte tragique de mon mari, je me suis retrouvée seule, dévastée par la douleur. Avant son accident, nous avions acheté une maison de campagne, nichée au bout d’un chemin de terre, en retrait d’un petit village pittoresque. C’était censé être notre refuge, notre nouvelle vie ensemble, loin du tumulte de la ville. Mais avec sa disparition, cette maison est devenue le symbole d’une vie que je n’aurais jamais.
Malgré tout, j’ai décidé de m’y installer. Je pensais que ce changement d’environnement m’aiderait à faire mon deuil, à trouver un peu de paix dans cet endroit qui représentait tant pour nous. La maison en elle-même semblait parfaitement normale : ancienne mais bien entretenue, entourée d’arbres et de champs à perte de vue. Une tranquillité qui, je l’espérais, m’apporterait un répit.
Mon voisin m’avaient pourtant prévenu. Plusieurs personnes qui avaient vécu dans cette maison avant moi parlaient de phénomènes étranges : des bruits venant des murs, des murmures indiscernables, et parfois, des échos de pas dans les couloirs, même lorsque personne n’y marchait. Mais, au début, je n’y prêtais pas attention. J’étais trop absorbée par mon chagrin pour accorder de l’importance à de telles histoires.
Pourtant, plus je passais de temps dans cette maison, plus je remarquais que quelque chose n’allait pas. Les premières semaines, j’ai mis les bruits que j’entendais sur le compte de la vieille bâtisse. Vous savez, ces sons que font les vieilles maisons lorsqu’elles se réchauffent ou se refroidissent. Mais avec le temps, ces bruits devenaient de plus en plus étranges. Ils n’étaient pas aléatoires comme les grincements habituels des maisons anciennes. Non, c’étaient des murmures, des pas lourds qui résonnaient dans le silence.
Puis, il y a eu ces objets déplacés. D’abord des petites choses : une tasse que j’avais posée sur la table de la cuisine se retrouvait soudainement sur le comptoir. Une porte que j’étais certaine d’avoir fermée se retrouvait ouverte. Ces incidents, bien que troublants, semblaient presque inoffensifs. J’essayais de me convaincre que c’était moi, que j’oubliais simplement ou que mon esprit fatigué me jouait des tours.
Mais un soir… Je m’étais endormie, épuisée par une journée remplie de souvenirs douloureux. C’est alors que j’ai entendu sa voix. Celle de mon mari. Au début, j’ai pensé que je rêvais, que mon esprit cherchait à combler le vide de son absence. Mais la voix était trop claire, trop réelle. Elle murmurait mon prénom, douce et réconfortante, exactement comme il le faisait avant.
Je me suis réveillée en sursaut, mon cœur battant à tout rompre. Je n’étais pas seule. J’avais l’impression qu’il était là, avec moi, juste à côté, comme s’il n’était jamais parti. Mais quand j’ai allumé la lumière, la chambre était vide. Pourtant, je n’arrivais pas à me débarrasser de cette sensation de présence, comme si son esprit était resté coincé entre deux mondes.
Les nuits suivantes, la voix est revenue. Toujours dans mes rêves, mais si réelle que je pouvais presque le toucher. Il me parlait, me rassurait, me disait qu’il était encore là, que je n’étais pas seule. Mais il y avait autre chose dans cette maison. Une autre présence, quelque chose de plus sombre que je ne pouvais pas encore identifier. Les murmures que j’entendais dans les murs semblaient parfois se transformer en cris étouffés, et les pas que j’avais pris l’habitude d’entendre devenaient de plus en plus lourds, plus menaçants.
Un matin, en me levant, j’ai découvert que toutes les portes de la maison étaient grandes ouvertes, alors que je les avais fermées avant de me coucher. Le courant d’air froid qui s’engouffrait dans les couloirs m’a glacée jusqu’à l’os. Je ne pouvais plus ignorer ce qui se passait.
Il m’a fallu du temps pour accepter que cette maison n’était pas simplement hantée par des souvenirs. Mon mari, ou du moins une partie de lui, était encore là. Mais il n’était pas seul. Il y avait quelque chose de plus sombre, de plus ancien dans cette maison, quelque chose qui utilisait ma peine pour s’immiscer dans ma vie.
Je ne sais toujours pas ce que je dois faire. Quitter cette maison reviendrait à abandonner la dernière chose que j’ai de lui, mais rester signifie affronter cette présence qui devient de plus en plus oppressante. Ce que je sais, c’est que cette maison cache bien plus que des souvenirs. Elle abrite des âmes perdues, et peut-être même quelque chose de bien plus sinistre.
Mon deuil est devenu bien plus qu’une lutte intérieure. C’est une lutte contre les ombres qui hantent ces murs, et je ne sais pas combien de temps encore je pourrai y faire face.
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